Oser perdre ses repères

Bonjour à toutes et à tous, me voilà de retour après 10 mois sans publication, un temps dépassé de gestation, un temps nécessaire pour oser perdre mes repères et pour commencer à en trouver de nouveaux.

Les repères, toute une histoire, notre vie est jalonnée de repères, ils nous sécurisent, nous permettent d’aller d’un point A à un point B, d’avancer, de trébucher, de tomber, de se relever, d’oser recommencer et ainsi de suite. Souvenez-vous ou pas, de vos premiers pas, vos premiers mots, votre entrée en maternelle…Toutes ces nouvelles fois où vous avez tentez, osez quelque chose de nouveau et de la joie que vous en avez retiré. Nos repères se construisent dès notre conception, ils sont faits de nos relations nouées, de nos racines, de nos aïeux, de notre histoire familiale, des valeurs transmises, d’un pays, d’une région, d’une ville, d’un village… Nous portons en nous les repères construits et nous continuons à construire nos repères. Qu’en est-il quand nous décidons de changer, de partir, de modifier nos comportements, de changer nos croyances?

Avant de théoriser à ce sujet, je vais partager mon expérience.

J’ai décidé il y a un an, de partir de la région parisienne où je vivais depuis 32 ans, pour retrouver mes racines bretonnes. Ma décision de partir de la région parisienne murissait depuis un an déjà, mais je me souviens encore du jour où ma décision est devenue limpide. J’étais assise sur une petite plage de Finistère, au soleil couchant et j’ai ressenti une profonde émotion de joie et une phrase m’est venue juste après « c’est là que j’ai envie de vivre ». Forte de mon expérience émotionnelle, j’ai commencé à annoncer ma décision autour de moi, ma famille, mes amis, les personnes que j’accompagnaient. Les réactions ont été le plus souvent très positives, parce que je me sentais alignée avec mon choix, je communiquais mon enthousiasme autour de moi. J’ai eu des moments de doutes, en échangeant avec ma belle soeur qui est très bienveillante, j’ai hésité entre Rennes et Brest et puis en échangeant avec une amie coach, j’ai eu un déclic quand elle m’a dit « écoute ton coeur ». Et j’ai écouté mon coeur qui me disait va vers la mer…Et voilà comment au mois de mars dernier j’ai posé mes valises à Brest, me rapprochant de ma dernière fille qui y habite depuis 4 ans. Et là j’ai commencé à m’activer, à chercher un cabinet professionnel et à faire les navettes entre Brest et la région parisienne pendant 4 mois. Période très active, dans la construction, la nouveauté, avec l’excitation qui accompagne tout changement choisi. Les choses se mettaient en place petit à petit, avec des deuils, de nouvelles rencontres, un projet à construire. Et puis au mois de juillet, je me suis installée définitivement à Brest et là je me suis retrouvée dans la réalité du nouveau, nouvelle ville, nouvel environnement, nouveaux repères…Et j’ai ressenti l’angoisse de l’inconnu, je me suis demandée si j’avais fait le bon choix, cela était-il bien raisonnable de partir « au bout du monde ». J’ai vécu et je vis encore ces moments de flottements, d’incertitudes, ces moments mouvants où l’ancrage n’est pas encore bien assuré et je sais qu’il me faudra du temps pour construire de nouveaux repères et c’est une des conclusions que je tire de mon expérience, il faut du temps pour se construire, déconstruire et reconstruire et la vie est faite de tous ces temps nécessaires pour être qui l’on est et devenir ce que nous voulons et décidons de devenir. « Vas, vis,deviens et adviens ».

Ainsi dans le coaching et dans la psychothérapie le temps est nécessaire et important pour déconstruire, re-configurer et reconstruire. Ce temps d’élaboration est essentiel. Or aujourd’hui nous avons tendance à tout faire vite, à vouloir accélérer le temps, sans nous préoccuper de savoir si nos repères, nos ancrages sont solides ou pas. Les nouvelles technologies nous invitent au tout, tout de suite et rapidement. C’est ainsi que nous pouvons nous laisser dépasser, déborder dans cette frénésie et nous laisser envahir jusqu’au burnout.

Alors si vous voulez vous faire un beau cadeau, ralentissez, écoutez-vous, assurez vos ancrages dans vos vies personnelles et professionnelles. Si vous êtes managers, permettez à vos équipes de trouver leurs repères, de prendre le temps pour cela. Je sais que mon discours va à l’encontre des dogmes actuels. Mais comme le dis si justement  Tobie Nathan ethno psychiatre « penser, c’est penser contre » dans son nouveau livre « les âmes errantes ». Alors n’hésitez pas à penser et à aimer.

 

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